mercredi 25 juillet 2012

Brèves d'homophobie 2 : la honte.

Force est de constater, comme on le craignait tous d'une façon ou d'une autre, que les agressions homophobes, de diverses gravité, se multiplient effectivement partout dans le monde. La seule constante de ces agressions reste la virulence de leurs auteurs. Ce qu'il en ressort : un sentiment intense d'injustice, de colère, de bêtise extraordinaire.

Brèves d'homophobie va malheureusement devenir une constante sur ce blog, vu les récits qui tombent tous les jours et qui sont de plus en plus violents, ne laissant aucune chance aux victimes. 


On commence par un meurtre a Liège, dans le parc d'Avroy. Un sexagénaire a été abattu a coup de marteau parce qu'il était homosexuel. Un homme connu des services de police pour avoir déjà été victime de plaies par balle, et ayant tenté de défoncer a coup de hache une porte du palais de justice de Verviers en Juin 2011. 

Il s'est rendu dans le parc d'Avroy au milieu de la nuit, près de l'étang, un lieu fréquenté la nuit par les homosexuels, semble-t-il. Le sexagénaire a abordé le suspect et a été immédiatement roué de coups de marteau, notamment à la tête. 

Le suspect a pris la fuite, laissant la victime se vider de son sang dans le parc, avant d'être découvert par un passant peu après. La victime décédera des suites de ses blessures dans la nuit. 

Plus tard, le suspect sera dénoncé par ses amis a qui il aura confié "avoir fait une grosse bêtise". Il déclarera plus tard avoir eu envie de se venger sur sa victime parce qu'il "aurait été violé par un homosexuel dans sa jeunesse". Espérons que la peine de prison sera exemplaire. 



Ensuite, nous voilà de retour aux Etats Unis, après la jeune femme frappée en pleine ville parce que "coupable" d'être lesbienne dans le Kentucky, cette fois, c'est a Lincoln, dans le Nebraska

Selon le site d'information généraliste CNN, la victime, une jeune femme de 33 ans a été attaquée chez elle par trois hommes. Séquestrée, dénudée, ligotée, les agresseurs auraient couvert les murs d'insultes homophobes et lesbophobes, et auraient gravé a l'arme blanche ces mêmes injures dans la peau de la victime. Enfin, ils ont mis le feu au logement de la victime alors que celle-ci était toujours ligotée, et ce n'est que grâce a la détermination de la victime que cette agression ne s'est pas terminée de manière encore plus dramatique. 

Les auteurs courent toujours, et la victime est à présent hors de danger. Peu de temps après cette agression ignoble, une marche blanche de près de 500 personnes s'est tenue en soutien à la victime. 



Enfin, nous allons vous raconter l'histoire de Lamine (prénom modifié). Lamine est sénégalais et homosexuel. En Février 2008, un magazine people local publie les photos d'une mise en scène symbolique d'un mariage Gay. A l'époque, plusieurs jeunes gays sont arrêtés et condamnés par les forces de l'ordre local. Lamine, lui, affirme avoir été attaché et battu, et on lui jette de l'eau bouillante sur les bras, traces de sévices que Lamine porte toujours aujourd'hui. 

"Mes grands frères et leurs amis avaient prévu de me tuer, de me brûler vif avec des pneus et de l'essence" déclare-t-il. Au Sénégal, comme dans une soixantaine de pays dans le monde, l'homosexualité  est toujours punie d'emprisonnement, de torture, de sévices corporels, de déportation, ou de peines de travaux forcés, parfois dans des camps. La réaction des frères de Lamine n'est pas une surprise. Pour la famille, cela équivaut a un fléau, une honte. 

Craignant pour sa vie, Lamine, activiste et bénévole au sein d'une association de lutte contre le Sida, fuit vers le sud du pays, puis en Gambie où il rejoint une communauté d'homosexuels en exil. Cette fois, ils subissent l'homophobie d'état. En Avril, victimes d'une descente de police, on leur fixe comme ultimatums de quitter le pays sous trois jours, la politique du président Yaya Jameh ne leur laissant aucun choix. "Je n'avais nulle part où aller, alors, je suis rentré au Sénégal"

Lamine tente alors d'obtenir a plusieurs reprises des visas touristiques pour la France ou la Belgique, sans succès. A court d'options, et sous pression, Lamine voyage alors avec des faux papiers, pour pouvoir vivre "sa sexualité librement, sans répression, sans torture, sans peines de prison". A son atterrissage a Toulouse Blagnac le 21 Juillet, la police aux frontières insiste pour le remettre dans l'avion manu militari,  mais les pleurs du jeune homme empêchent finalement la police de le renvoyer directement au Sénégal. 

Lamine est alors placé en zone d'attente internationale, où il est mis en relation téléphonique avec l'office français de protection des réfugiés et apatrides dans l'espoir d'une demande d'asile, demande qui lui est très vite rejetée. Selon eux, son discours est désorganisé et ils ne présente pas suffisamment de preuves de ce qu'il avance et du fait que sa vie est mise en danger dans son pays. Alertés par la situation, l'Association Nationale d'Assistance aux Frontières pour les Étrangers confirment a Lamine qu'après un entretien aussi laconique, il est normal de se laisser impressionner. 

Cependant pour l'association en charge du dossier, de nombreux vices de forme donnent a Lamine une petite chance de mettre en danger la procédure d'expulsion. Les droits de Lamine lui ont été notifiés 24 heures après son interpellation, une certaine quantité de documents lui ont étés donnés a signer sans qu'il n'ait eu le temps de les lire, et Lamine n'a pas reçu la visite d'un médecin, pourtant obligatoire. 

Mais ils ne sont pas optimistes tout de même. L'ANAFE va déposer de manière imminente un recours contre le refus d'admission sur le territoire au titre d'asile auprès de la seule autorité compétente, le tribunal administratif de paris, afin de donner a Lamine une chance d'étoffer son dossier. 

Si les recours sont épuisés et la demande d'asile rejetée, Lamine sera renvoyé a Dakar à la fin de semaine et peut être même dès demain, où son orientation sexuelle risque de lui faire encourir une peine de prison allant de un à cinq ans, et une amende pouvant aller jusqu'à 1 500 000 francs CFA (2 300 euros). 

Affaibli et fatigué, Lamine avouait son amertume au sortir du tribunal de Toulouse après son audition par le juge des libertés et de la détention :"je croyais que la France était un pays qui respectait les droits de l'homme"

Une pétition a été mise en ligne afin de protester contre l'exclusion du jeune homme : 


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