mercredi 13 février 2013

Une journée pour tout changer : manifestation pour l'égalité à Paris le 27 Janvier

C'est riche, une vie de militant. Ça ne connaît que peu de répits. C'est marqué d'immense défaites, et de victoires encore plus grandes. Ça ne lâche rien, ça ne laisse rien tomber, et même quand ça se décourage, quand ça tombe du cheval, ça remonte aussi vite, et ça oublie les moments de faiblesse pour ne garder que le point à l'horizon qui justifie toutes les batailles, si dures furent-elles, si blessantes, si humiliantes.

Des blessures, des humiliations, des message de haine et de honte, ce n'est pas cela qui a manqué, ces derniers mois, ces dernières semaines, et plus encore, ces derniers jours. Comment ne pas se sentir révoltés quand une bande de réfractaires à l'égalité, animés de motivations mi-haineux, mi-encouragés par des convictions qui ne sont que celles d'un groupe aveuglé, bat le pavé parisien et montre au monde un visage de la France qui n'est ni glorieux ni fier ? Comment ne pas se sentir tout petit lorsque, la semaine qui suit, le pays est pointé du doigt de tous côtés, moqué, décrié comme étant plus conservateur que de norme ? 

Le 27 Janvier, il était temps pour nous de montrer l'autre visage de la France, celui de la diversité, celui de la fierté, celui de l'acceptation de toutes les individualités, de toutes les sexualités, de tous les genres. 

Dans une vie de militant, il y a souvent des combats épuisants. Mais de temps en temps, la magie opère, et de quelques militants bretons décidés à se faire entendre naît une force qui nous pousse quoiqu'il arrive. 

Récit d'une journée merveilleuse, heure par heure, pour vous faire partager le souvenir ému d'un moment magique. Remontons les pendules de quelques jours...

Samedi 26 Janvier

Présidentes et trésorière ont passé la soirée ensemble, armées de pancartes, de crayons, et d'idées. La nuit fut inexistante, impossible pour aucune de trouver le moindre sommeil, l'excitation, l'envie, le besoin de faire bouger les choses étant trop fort pour permettre une seule minute de repos. 

Nuit du 26 au 27 Janvier

1h30 : départ de Landerneau, QG occasionel de l'association, et direction Brest pour retrouver le bus et les fiers militants aux yeux pétillants de sommeil, mais qui sont bien là. 

2h : ils sont venus, ils sont tous là...27 âmes bien réveillées montent dans le bus de l'égalité. En route chauffeur ! 

2h30 : les routes sont peut-être désertes, mais les sourires et les mines réjouies et impatientes font toute la force du convoi. En route pour St Brieuc, et hauts les coeurs ! 

3h30 : A St Brieuc, ce sont 15 courageux de plus qui rejoignent le bus de l'égalité. Le car continue sont petit bout de chemin, et direction Rennes où notre petit convoi de valeureux militants va prendre une toute autre puissance...

6h : Trois cars, 170 fiers bretons, et les copains de chez & BraiseZ et du CGL de Rennes sont tous là, pas vraiment refroidis par l'heure bien matinale pour commencer un Dimanche. Ce ne sont ni les rires, ni les sourires, ni les joyeuses conversations qui manquent dans ces bus qui tracent une ligne arc-en-ciel au passage...Nouvelle halte à Laval, et nous voilà partis, et rien ne nous arrêtera !

Dimanche 27 Janvier 

9h : arrêt petit-déjeuner à l'aire de BRU où il est impossible de contenir plus encore notre excitation, et notre joie d'etre si unis dans cet évènement si important. Les trois présidents des trois associations échangent jusqu'au fou rire, encore tout surpris d'une telle mobilisation, et d'une telle force toute bretonne. Retour dans les bus, où l'on entend des versions révisitées de la marseillaise accompagner le retour sur l'autoroute. Dernière ligne droite, Paris, tremble, la Bretagne arrive ! 

11h : premier très grand moment de folie dans cette journée riche, nos trois bus sont parqués à la sortie de l'autoroute sur le parking de la gendarmerie, avec la bagatelle de 34 autres convois venus de l'Ouest. Quand les 37 bus attendus furent arrivés, les motards de la gendarmerie nous ont escortés jusqu'à Paris, afin d'assurer la sécurité de notre fier convoi. 37 bus, tous affrétés par les associations, sans subventions, sans aides diverses, sans financements autre que la somme d'individus unie dans l'adversité. 

12h30 : un sandwich avalé sur le pouce sur les pavés parisiens, les voix commencent à s'échauffer, les drapeaux flamboyants et arc-en-ciels sont de sortie, pas de doutes, ce Dimanche sera un Dimanche heureux! 

14h : la foule est si dense que les cortèges sont divisés en trois, et nous ne commenceront à marcher qu'à 15h10 ! C'est incroyable, les gens sont tout sourires, les slogans ont fleuri de partout, et la bande d'irreductibles que nous sommes, soudés en milieu de cortège, clâmons avec force et honneur un puissant "BARJOT T'ES FOUTUE LES BRETONS SONT DANS LA RUE". Notre Marie bien à nous, déguisée en super-lesbienne, dispense à tout va les messages d'égalité et d'amour. Partout autour de nous, des gens de toutes les villes, de tous les partis, de tous les bords, des gays convaincus, des lesbiennes remontées, des transexuels de partout, des hétéros, des vieux, des jeunes, des couples, des groupes, des solos, des blonds, des bruns, des roux, des verts, des roses, des bleus, des chauves, des peinturlurés, des sobres, des courts vêtus, des long vêtus, des frileux, des moins frileux, c'est l'image de la diversité, c'est sa beauté qui est ici representée. Et si d'aventure les antis tentent de nous démunir avec leur poison, les coeurs et les esprits sont tellement hauts qu'on ne les voit plus. Qu'on les laisse médire nos amours sans plus prendre le temps, trop précieux, de les arrêter. Si ils ne voient pas la beauté aujourd'hui, ils ne la verront jamais. Que notre Bretagne est fière ! Qu'elle est forte ! Qu'elle est unie ! Que nos amitiés diverses, les uns avec les autres, sont en train se souder et de se lier plus que jamais. Et tout le monde est invité aux mariages futurs, on partagera le vin d'honneur de l'égalité avec tout le monde ! 

17h : arrivée à la concorde, où la nuée de gens nous donne l'impression de flotter, d'être porté par la foule, où d'histoire de militant, on n'a jamais connu, sauf pendant les marches des fiertés, pareille mobilisation. La police nous estimera 125 000, mais la perte de vue nous comptera 400 000. Et voir des militants partout, aussi loin que l'ont peut voir, ce n'est pas un sentiment descriptible. C'est magique. A cet instant précis, nous comprennons tous que nous sommes plus forts que l'opposition, que la regression, que la bêtise, que l'homophobie. On s'est sentis si forts. Si puissants. Si portés. Si transcendés par une envie commune. Qu'il est difficile de se voir dispersés, de voir la manifestation se dissoudre, tellement on aimerait qu'elle dure toujours. 

18h30 : Le breton sait s'organiser ! Nous voilà repartis pour notre terre des druides et des menhirs, sans avoir perdu personne dans la foulée. Dans le bus, les réactions sont unanimes. Tout le monde est ecstatique, ravi, renforcé, on veut recommencer là, maintenant, et pourquoi attendre Juin pour faire les marches des fiertés, faisons là maintenant, ici, tout de suite ! Les yeux pétillent de bonheur, les coeurs battent fort, et malgré une fatigue évidente, se séparer à l'arrivée à Brest est presque difficile, tellement le moment a été...Majestueux. Magique. Cette égalité, on l'aura méritée, on l'aura défendue, on l'aura portée jusqu'au bout !! 

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